Quelques idées balades

La gare de Canfranc

La plus grande gare fantôme du monde !

Pour une fois, nous allons vous proposer de changer de style de balade et de vous éloigner un peu de la côte et des sites aménagés pour aller plus à l'intérieur du pays pour visiter la gare Internationale de Canfranc...

Cette balade est assez originale pour deux raisons : Premièrement, vous allez visiter un véritable monument abandonné à la végétation et aux intempéries depuis plus de trente ans et deuxièmement, pour parvenir jusqu'à la gare qui se situe en territoire espagnol, vous allez traverser la vallée d'Aspe, le Parc National des Pyrénées et bien entendu le col du Somport, et les magnifiques paysages qui vont avec !

Rappel historique
Au début du siècle, avec le développement du transport ferroviaire, il avait été décidé de construire une ligne de chemin de fer transpyrénéenne entre Pau et Saragosse via la gare internationale de Canfranc. En 1970, un accident côté français signe l'arrêt de mort de la ligne. La circulation est interrompe à partir de ce moment précis alors que de l'autre côté de la frontière des navettes circulent encore de nos jours.

Comment s'y rendre ?
Deux modes de transport vous permettent de rejoindre Canfranc, la voiture et l'autobus. Quelle que soit votre localité de départ, nous vous invitons à rejoindre Oloron Sainte Marie.

- En voiture : suivre la route nationale 134 direction "Col du Somport". Après le passage de la frontière espagnole, la route prend l'appellation de Nationale 330 jusqu'à la ville de Canfranc Estacion. La durée du trajet est estimée à une heure.

- En autobus : Depuis l'interruption de la ligne de chemin de fer, la SNCF assure la relation par autobus au départ de la gare d'Oloron Sainte Marie jusqu'à la gare de Canfranc. La durée du trajet est estimée à 1h40 (consulter les horaires sncf).

Que vous ayez opté pour la voiture ou l'autobus, la route est la même ! Elle longe la voie ferrée et traverse les petits villages nichés dans la vallée. Les plus importants d'entre eux disposent d'une belle petite gare à l'architecture pittoresque en pierres du pays comme par exemple à Estaut où la gare, cédée par la SNCF est à nouveau visitée par le public puisqu'elle abrite la "Maison du Parc National des Pyrénées".

Le trajet vous permettra d'admirer les Pyrénées dans toute leur splendeur. Les randonneurs y trouveront de nombreux chemins balisés, les passionnés de varappe plusieurs parois équipées et les mordus de sensations fortes y trouveront des sites où l'on peut pratiquer des sports aquatiques (canoë, kayak, rafting...) ou aériens (vol à voile, parapente...).

Les non sportifs se contenteront de contempler la nature et les magnifiques ouvrages d'art de l'ancienne voie ferrée. La nature du relief de cette vallée n'étant pas particulièrement adapté au passage des train, il a fallu construire bon nombre de ponts, viaducs et autres tunnels qui, mis bouts à bouts représentent presque 15 kilomètres sur le tronçon Bedous-Canfranc soit 45% du parcours !

Après avoir franchi le col du Somport et la frontière espagnole, la route redescend dans la vallée jusqu'à l'arrivée à Canfranc Estacion (le village s'est construit autour de la gare qui lui a donné son nom). Là, impossible d'éviter la gare, c'est un énorme bâtiment de 220 mètres de long qui règle sur un domaine de 18 hectares. Pour vous donner une idée de la taille des installations, voici quelques chiffres :

C'est la deuxième plus grande gare d'Europe après la gare de Leipzig en Allemagne. La plate-forme des installations mesure 1200 mètres de long sur 170 de large, elle parcourue par un faisceau de 27km de voies ferrées. Les infrastructures sont composées d'un bâtiment voyageur, de nombreux entrepôts et d'un dépôt à locomotives pour un total de 20 000m² de quais couverts.

Le bâtiment voyageurs est encadrée par des voies, d'un côté espagnoles et de l'autre françaises. En se rapprochant, on constate que l'on est bien dans une gare fantôme : le petit bâtiment qui abrite le passage souterrain permettant autrefois d'accéder directement à l'intérieur de la gare est fermé par un gros cadenas, pour aller sur le quai il faut traverser les rails.

Côté espagnol, une grande partie du quai reste accessible au public, les trains continuant a desservir la gare, mais à part le local permettant aux mécaniciens d'attendre le départ de leur train, les 156 portes et les 365 fenêtres sont closes depuis des années. En se collant aux vitres, on peut admirer l'intérieur du hall principal où d'un magnifique et large escalier en marbre blanc débouche le passage souterrain. 

Côté français, un grillage empêche toute circulation des curieux sur le quai, mais la visite n'est pas terminée. Par ailleurs, ce qui surprend un peu, c'est le nombre de curieux qui visitent les installations. Le jour de notre visite, une bonne vingtaine de personnes déambulaient, appareils photo et caméscopes en main. 

En traversant les multiples voies qui séparent la gare des autres bâtiment, on ne peut que constater l'état de délabrement des installations : Les herbes folles et les arbres ont pris possession des lieux, à certain endroits, on distingue à peine les rails noyés sous la végétation. On arrive ensuite dans la partie "marchandises" avec ses énormes entrepôts et autres grues.

Sur les voies deux convois composés de wagons et de voitures voyageurs d'un autre temps se décomposent, on se demande même si les espagnols n'ont pas envisagé de transformer cet endroit en musée ! Un peu plus loin se trouve l'ancien dépôt de locomotives avec son pont tournant. Des grues à eau et un tas de charbon font penser au temps des locomotives à vapeur...

En repartant vers la gare, si vous continuez un peu, vous pourrez admirer l'entrée du tunnel du Somport qui débouche à proximité du petit village français des Forges d'Abel à presque 8 kilomètres de là. 

Cette visite ne peut laisser insensible, surtout lorsqu'on pense aux efforts nécessaires à la réalisation de cette liaison ferroviaire transpyrénéenne. On se retrouve là, à admirer un héritage laissé par nos grand parents à une génération qui n'a pas su en tirer profit. Mais tout n'est pas perdu : A ce jour, les négociations sont en cours entre la France et l'Espagne en vue de la réouverture de la ligne, les besoins en matière de transport de marchandises entre ces deux pays sont de plus en plus importants et cette liaison permettrait de rapprocher deux grandes villes européennes : Toulouse et Saragosse. Le Conseil Régional d'Aquitaine a débloqué en mars 2000 une enveloppe de 340 millions de francs pour la réouverture de la ligne mais reste à convaincre les acteurs principaux : La SNCF et le RFF (Réseau Ferré de France, organisme qui gère les infrastructures ferroviaires) coté français et la RENFE côté espagnol... A suivre !

Depuis notre visite, les choses ont bougé des deux côtés de la frontière, la réouverture de la ligne est plus que jamais d'actualité mais si la ligne est remise en état, une nouvelle gare de Canfranc sera construite ! La ville de Canfranc ayant déjà pris des engagements pour la reconversion de l'ancienne gare. Une étude a été menée et plusieurs architectes ont proposé différents projets, en définitive, la gare sera transformée en un énorme complexe commercial, hôtelier et résidentiel qui devrait devenir le centre de vie de la ville...

Galerie photo :

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Informations pratiques

  • Distances
    Oloron - Canfranc : 64 km
    Bayonne - Canfranc : 161 km
  • Remarques :
    Nous avons eu l'occasion de visiter la gare de Canfranc à plusieurs reprises en 2001, 2003 et 2005.  La gare et ses installations sont désaffectées et ne sont pas aménagées pour des visites. Pour des raisons évidentes de sécurité, nous déconseillons leur exploration en hiver en raison de l'isolement de la gare et des risques de chutes liés à la neige ou au verglas. De même, nous vous invitons à ne pas visiter l'intérieur des bâtiments ou des wagons en raison de la fragilité des structures...

    Par ailleurs, l'accès au site est désormais fermé et surveillé car les travaux de remise en état de la toiture du bâtiment principal ont commencé ainsi que la destruction des anciens entrepôts.
La blague du jour :

Pourquoi les plongeurs sautent-ils toujours en arrière et jamais en avant ?

Parce que sinon ils tombent dans le bâteau.